DOMINIQUE A
Vie étrange
Plus de trente ans et quatorze albums plus loin, l’empreinte du A n’a cessé de s’étendre, à sa façon, sans fard, sans fanfare. Ceux qui ont assisté à ses concerts acoustiques comme électriques à la Philharmonie en 2018 vous le diront : depuis « La Fossette », Dominique A avance toujours plus loin sans jamais quitter ce sillon magnifique qui l’anime et le construit.
Dominique A vit tellement parmi nous que l’on a oublié à quoi ressemblait le monde sans lui.
Ce monde sans lui, il s’arrête comptablement en 1991. Bernard Lenoir, le John Peel français, diffuse dans une Black Session sur France Inter un morceau qui s’appelle « Va-t’en ». C’est celui d’un jeune gars originaire de Provins qui a posé sa guitare à Nantes ou alentours. La voix est fluette, les mots sont désespérés, et l’ambiance est proche des heures les plus sombres de Joy Division. Émoi chez les auditeurs de Lenoir qui bombardent le standard. Le « Black » comprend le message et repasse le morceau.
Quelques jours plus tard, c’est Arnaud Viviant qui trempe sa plume dans le son de Dominique A pour en ressortir un éloge. Les Inrocks lui emboite le pas.
Des concerts, il en aura aussi donné dans toute la France, créant le souvenir, avec toujours ce grand corps qui ondule à sa façon, avec ses éternelles scansions et ces belles épaules qui portent l’instrument. Une promesse pour une soirée exceptionnelle à L’Octogone.
Texte par Pierre Siankowski
Crédits photo : Jérôme Bonnet